samedi 30 septembre 2017

Primaire (2017)


De "Ça commence aujourd'hui" au "Maître d'école", ils sont nombreux, les films qui traitèrent de l'éducation, tantôt sur un ton grave, tantôt de façon plus légère. Passeur de savoir et, à ce titre, véritables guides au début de l'existence, les instituteurs et les institutrices n'ont pas toujours bonne presse. Récemment, "Primaire", sorti en début d'année, prenait pour cadre une école primaire (comme le dit le titre, qu'on ne pourra pas, pour une fois, accuser d'être mensonger). Il faut croire que ce sujet n'intéressait pas le grand public, tant l'accueil réservé à ce film fut frileux. 

Florence, jeune institutrice de CM2, tente tant bien que mal de mener de concert sa vie de femme, de mère célibataire et surtout sa vie professionnelle. 
Quand Sacha, jeune garçon à problèmes, débarque dans sa vie, Florence va voir sa vie chamboulée. Bousculée jusque dans sa vocation, la jeune femme doit affronter de nouvelles épreuves et aller jusqu'à se mettre en péril. L'équilibre précaire qui la maintenait vacille : saura-t-elle rester à flot ?

Dès les premières images, on sent dans "Primaire" une véritable sincérité : la réalisatrice, Hélène Angel, surtout connue pour "Rencontre avec le dragon", pose sa caméra à hauteur d'homme (ou plutôt de femme, en l'occurrence) et force le spectateur à accompagner le personnage principal dans son combat quotidien. Florence, héroïne de ce film, est une femme combative, mais n'est pas pour autant exempte de défauts. C'est sans doute une des grandes forces de ce film, d'ailleurs, que de montrer les failles de ses personnages, quitte à les pointer parfois un peu lourdement. Quand le fils de Florence lui balance ses quatre vérités au visage et claironne qu'il préfère rejoindre son père, à l'autre bout du monde, on peut comprendre les blessures du jeune garçon.

C'est essentiellement sur les épaules, a priori frêles, de Sara Forestier, que repose "Primaire". La jeune actrice, déjà remarquée dans "Le nom des gens" ou "Victor" s'est visiblement donnée sans compter pour ce rôle et son énergie force l'admiration. A n'en pas douter, "Primaire" représente d'ores et déjà une étape dans la carrière de cette interprète, plus bel atout du film. Autour d'elle, on saluera les jolies prestations des jeunes acteurs, assez convaincants (et on a vu assez de films où le jeu des jeune enfants était catastrophique), tout comme les seconds rôles. Même Vincent Elbaz, souvent agaçant (mais c'est une opinion qui n'engage que moi), reste dans les limites de son personnage et arrive à y faire croire, ce qui n'était pas chose aisée. 

Réalisé avec un ton aux frontières du documentaire, sincère mais sans sombrer dans l'angélisme, "Primaire" est une vue en coupe d'un système éducatif sur le point d'imploser, tant ses contraintes le menacent. Il ne rassurera ni les parents d'élèves, ni les professeurs des écoles, mais aurait tout à gagner à être visionné par ceux qui décident de son fonctionnement sans en connaître les ressorts les plus humains. On sort de ce film fatigué, mais surtout admiratif de l'énergie dépensé par les professeurs des écoles, que "Primaire" met à l'honneur. Porteurs d'une mission souvent trop lourde pour eux, ces êtres humains méritent souvent plus que ce qu'ils reçoivent. A leur image, "Primaire", tout imparfait qu'il soit, mérite son visionnage.



lundi 25 septembre 2017

Teen Wolf (1985)


Pour tout le monde (ou presque), Michael J. Fox, c'est l'acteur principal de "Retour vers le futur" et la majorité du public la découvert avec le premier film de cette trilogie. Ils sont plus rares, ceux qui savent que, peu avant sa première aventure aux côtés du Dr Brown, l'interprète de Marty Mc Fly joua les loups-garous, dans "Teen Wolf". Ce film connut, c'est vrai, un échec cuisant lors de sa sortie en France et son titre évoque plus la série télévisée du même nom que ce long métrage sorti en 1985.

Scott est un adolescent comme beaucoup d'autres et passe inaperçu dans son lycée, où il ne brille guère, que ce soit dans les études ou dans son équipe de basket-ball. Quand il découvre qu'il est en vérité un loup-garou, sa vie est bouleversée : il devient le garçon en vue du lycée....et récolte des ennuis qu'il n'aurait pas soupçonné. Cette malédiction qui pèse sur sa famille ne serait-elle pas une chance ? 

Tourné en même temps que le film de Robert Zemeckis, et sorti à la hâte avant que les aventures de Marty McFly n'envahissent les écrans (et le coeur des spectateurs), "Teen Wolf" a beaucoup moins bien vieilli, c'est un fait qui saute au yeux dès les premières séquences. La réalisation sans envergure de Rod Daniel, dont c'était le premier film et qui réalisa essentiellement des comédies familiales oubliables, est pour beaucoup dans cette impression. Sans dynamisme, ni vrai sens du rythme, le réalisateur aligne les scènes sans se soucier de donner de la cohérence et de l'épaisseur à son histoire et à ses personnages.

C'est d'autant plus dommage que le thème de "Teen Wolf" était un riche terreau et qu'il nourrit d'autant plus de regret que son potentiel était intéressant. En creusant plus ses personnages et leurs tourments, "Teen Wolf" aurait pu traiter de l'adolescence et de ses maux, par exemple. Hélas, chaque fois qu'on pouvait espérer voir un thème intéressant exploité, le script prend la fuite et se réfugie dans le teen-movie sans épaisseur et sans grand intérêt.

Il est cependant un motif de réjouissance au visionnage de "Teen Wolf" : Michael J. Fox, à l'aube de sa carrière et avant le triomphe de "Retour vers le futur", déborde d'énergie et d'enthousiasme (bien qu'il ait du assumer les deux tournages simultanément). C'est un vrai plaisir de revoir cet acteur dans ses premiers pas au cinéma. 

On pourrait s'étonner du fait que "Teen Wolf" ait, dans dans sa descendance, une suite (avec Jason Bateman), une série animée et une série télévisée "live", ayant rencontré le succès : c'est au contraire la preuve du potentiel de son postulat de base, potentiel bien mal exploité par le film. Hélas, Rod Daniel, en choisissant un traitement sans ambition, fait de son sujet un banal teen-movie, sans aucune dimension ni rien qui fasse de son film quelque chose dont on se souvienne.


mercredi 20 septembre 2017

J'attends quelqu'un (2007)


De temps en temps, il est agréable de visionner un film tout simple, peuplé de gens ordinaires vivant des histoires ordinaires. Dans pareil cas, en ce qui me concerne, le choix des acteurs donnant vie à pareil film a son importance. Ne connaissant guère le cinéma de Jérôme Bonnell, c'est parce qu'il était interprété par Jean-Pierre Darroussin et Emmanuelle Devos, deux acteurs que j'apprécie beaucoup, que j'ai porté mon choix sur "J'attends quelqu'un". 

Patron de café, divorcé et joignant tant bien que mal les deux bouts, Louis entretient une liaison tarifée avec Sabine, prostituée un peu perdue, dont il est épris. Agnès, sa sœur, semble heureuse, même si son couple bat parfois de l'aile. Il y a aussi Stéphane, ce jeune homme qui revient en ville, avec une idée en tête. Et il y aussi ce grand chien noir qui déboule dans leur vie. Et si tous attendaient quelque chose de la vie ? Ou, plus probablement, quelqu'un ?

Petit film, sans doute passé sous pas mal de radars, "J'attends quelqu'un" vaut surtout pour ses personnages. Il s'agit de gens comme vous et moi, sans doute, loin des héros de films plus ambitieux. Si vous êtes allergiques à ce style de cinéma, passez vite votre chemin. Par contre, si les films qui se penchent sur l'humanité, vous pouvez sans hésiter vous attarder un instant sur "J'attends quelqu'un". Le film de Jérôme Bonnell est de ceux où il fait bon s'arrêter un instant, pour accompagner, à la juste distance, des êtres humains avec leurs fragilités et leurs forces. Élégamment mis en scène, "J'attends quelqu'un" observe ses héros, ni trop près, ni trop loin, et ne pose sur eux aucun jugement de valeur. Ils sont tels qu'ils sont, après tout. 

J'imagine que Jérôme Bonnell aime profondément ses acteurs, dont certains lui sont fidèles depuis plusieurs films. Cela transparaît dans la manière dont il les filme et les met en scène. Au premier rang d'entre eux, on notera bien sûr le grand Jean-Pierre Darroussin, dont l'humanité déborde à chaque scène où il apparaît, et surtout Emmanuelle Devos, lumineuse, qui emplit de grâce chacun de ses plans. Dans des rôles plus secondaires, on appréciera aussi la présence de Florence Loiret-Caille, Sylvain Dieuaide et Eric Caravaca. 

La sincérité de tous se sent à l'écran et donne à cette histoire toute simple l'étincelle de vie qu'il fallait pour que ce film soit une réussite. Le résultat est là : "J'attends quelqu'un" est un film plein d'humanité, qualité dont bien peu de longs métrages peuvent se targuer. Il ne bouleversera pas l'histoire du cinéma, mais c'est une respiration salutaire.


vendredi 15 septembre 2017

Chéri (2009)


En 2009, Stephen Frears et Michelle Pfeiffer faisaient, avec "Chéri", leurs retrouvailles après "Les liaisons dangereuses", autre adaptation littéraire. Cette fois, c'est d'après Colette que le réalisateur britannique nous offrait un film, traitant de la passion et de la raison, produisant au passage la troisième transposition du roman éponyme. Mais le succès de leur précédente collaboration ne se reproduisit pas et ils sont bien peu nombreux, ceux qui se souviennent de "Chéri".

Fils de courtisane, Fred Peloux fut surnommé, dans sa plus tendre enfance, Chéri, par Léa de Lonval, consœur de sa mère. Les élans de la chair et du coeur poussent, contre toute attente, Chéri dans les bras de Léa, dont la carrière est sur le point de finir...
Six ans passent et la mère de Chéri trouve pour son fils une épouse parfaite, celle qui lui donnera les petits-enfants tant attendus. Pour Léa et son jeune amant, la séparation est plus difficile qu'ils ne s'y attendaient et s'y résoudre va s'avérer bien douloureux...

C'est sur un ton léger, voire badin, que commence "Chéri", notamment par la présence de la voix narrative : tout cela est-il bien sérieux ? est-on tenté de se demander lors des premières séquences. Ca l'est, pourtant, parce que le thème que convoque ce film est majeur : la raison et la passion qui s'affrontent ont nourri maints grands drames, par le passé. Il faut croire qu'encombré par le sujet du film, le réalisateur ait eu du mal à l'affronter de face et se soit contenté de le frôler. Passant d'un coup ou presque de la légèreté et de la douceur à la tragédie, c'est un Stephen Frears un peu pataud, sans doute un peu perdu entre le fond et la forme. Car il faut dire que celle-ci est remarquable : "Chéri" est splendide à regarder, qu'il s'agisse des costumes, des décors ou de ses interprètes. 

C'est un plaisir que de retrouver la divine Michelle Pfeiffer à l'écran, qui est sans conteste le plus bel atout de ce film, toute en charme et en sensualité. Derrière elle, la performance de Rupert Friend paraît tout juste honorable, mais pas honteuse. Enfin, on remarquera la présence de la grande Kathy Bates et celle de Felicity Jones dans les rôles de la mère et de l'épouse de Chéri. Mais cette belle interprétation, tout comme le soin apporté au décorum, ne peut nullement suffire à faire de "Chéri" un grand film. La beauté ne suffit pas.

On regrettera pour une fois l'envahissante bande originale, souvent peu adaptée. Alexandre Desplat, visiblement très inspiré par "Chéri" livre une partition surabondante qui saborde parfois l'effet dramatique de certaines scènes et aurait gagné à se faire plus discrète. 

Séduisant sur la forme, "Chéri" n'a cependant pas l'intensité qu'on pouvait attendre d'une telle adaptation, surtout entre les mains de Stephen Frears, d'ordinaire plus habile. Au final, ce film donne l'impression d'être un très bel objet précieux, que l'on regarde sans trop savoir si l'on peut y toucher et qui, finalement, n'émeut guère son spectateur. 






dimanche 10 septembre 2017

Chez nous (2017)


Sorti en pleine campagne présidentielle (et, à ce titre, accusé d'être partisan), le dernier film de Lucas Belvaux, "Chez nous" n'a sans doute pas eu d'effet sur les suffrages. Même si on parlât quelque peu de ce film lors de sa sortie, il n'eut pas le succès que l'on aurait pu escompter. Pourtant, il fait partie des quelques rares tentatives du cinéma d'explorer la politique française, qui plus est en prenant un angle social : ce ne sont pas les élus qui sont filmés, comme dans le remarquable "L'exercice de l'état". Avec le recul, on peut sans doute mieux juger de sa valeur en tant que film.

Infirmière à domicile à Hénart, dans le Nord, Pauline est appréciée de tous pour sa gentillesse, sa compétence et l'énergie qu'elle déploie auprès de ses patients, de ses deux enfants et de son père malade. Quand elle est approchée pour être tête de liste sous les couleurs du parti d'extrême-droite, Pauline hésite : après tout, elle est bien placée pour voir que tout ne va pas si bien, dans sa région. Le regard des autres sur Pauline change d'un coup, entre admiration et haine : une étrange machine s'est mise en marche, quitte à la dépasser.

On laissera de côté la polémique qui entoura la sortie de ce film, objet d'une tempête dans un petit verre d'eau, sans grande justification finalement. Concentrons-nous sur le long métrage et ce qu'il raconte. Sa première partie, sans doute la plus réussie, décrit l'instillation d'une idée, à la (dé)faveur d'un contexte. Comment la très humaine infirmière accepte-t-elle d'être investie par un parti aux antipodes de son patrimoine (son père fut militant communiste, en l'occurrence) ? C'est dans cette première moitié du film que Lucas Belvaux se montre le plus habile, car on comprend la démarche de Pauline, même si elle peut susciter des réactions diverses. Entre drame social et chronique politique (mais à hauteur de citoyen, ce qui fait toute la différence), "Chez nous" décrit la mécanique d'un parti pas comme les autres, d'un ton presque documentaire (et sans doute peu éloigné de la réalité). Le sentiment de réussite de l'entreprise est, hélas, tempéré par la deuxième partie du film, moins efficace, parce que plombée par une dose de romanesque finalement peu utile et une résolution décevante.

En dehors de ce bémol, il faut saluer l'autre atout de ce film engagé : la formidable Emilie Duquenne, exceptionnelle dans le rôle de Pauline, témoin d'une époque. Encore une fois remarquable, l'actrice mérite le visionnage du film à elle seule. A ses côté, on appréciera la prestation de Guillaume Gouix, tandis que celles d'André Dussolier et, surtout, de Catherine Jacob peuvent décevoir. En dirigeante d'extrême droite, cette dernière est trop caricaturale (et trop dans l'imitation d'une femme politique bien réelle, surtout) pour être crédible. 

Engagé parce qu'il décrit comment fonctionne le recrutement d'un parti et, surtout, que ce parti n'est pas n'importe lequel, "Chez nous" a nombre de vertus pédagogiques, à l'adresse tant de la célèbre "France d'en bas" qu'à ceux qui prétendent au pouvoir (et apprendraient beaucoup à regarder plus souvent vers le bas). Sans sa conclusion, qui peut paraître bâclée, surtout si on la compare à sa première partie, "Chez nous" aurait pu être un grand film. 

Ce film a été vu dans le cadre du Movie Challenge 2017, dans la catégorie "Un film engagé".



mardi 5 septembre 2017

L'oncle Charles (2012)


Près de vingt ans avant "L'oncle Charles", Etienne Chatiliez (encore auréolé du triomphe de "La vie est un long fleuve tranquille") avait donné à Eddy Mitchell l'un de ses rôles les plus savoureux, avec "Le bonheur est dans le pré". Leurs retrouvailles pouvaient laisser augurer d'une comédie prometteuse, qui marquerait un renouveau dans la carrière de ce réalisateur, en panne depuis plusieurs films. Hélas, après "Agathe Cléry" et "La confiance règne", ce fut à nouveau l'échec : "L'oncle Charles", son dernier film, reste son moins bon score au box-office.

En Nouvelle-Zélande, le riche Charles Doumeng apprend qu'il n'a plus beaucoup de temps à vivre et met tout en oeuvre pour retrouver sa sœur perdue de vue depuis cinquante ans, en France. Flairant le pactole, Corinne, clerc de notaire peu portée sur l'honnêteté, incite sa sœur adoptive, Louise, à se faire passer pour la nièce de Charles et lui compose une famille parfaite. Malheureusement pour les deux complices, l'oncle découvre rapidement qu'il a été victime d'une erreur de diagnostic et qu'il va bien. Ravi de se découvrir une famille, il débarque en France pour rendre visite à ceux de son sang. Les choses se compliquent...

A lire le résumé que je viens de vous faire, on pourrait penser qu'on va avoir affaire à une comédie avec des quiproquos, des malentendus et des portes qui claquent. Ce fut sans doute l'intention initiale qui présida à l'écriture de l'histoire (scénarisée par Florence Quentin, la complice de toujours d'Etienne Chatiliez). Comme souvent, lorsque ce tandem est aux commandes d'un film, est ajoutée une dose de mensonge, pierre fondatrice de plusieurs des films de Chatiliez. L'échange d'enfants de "La vie est un long fleuve tranquille" ou l'imposture du "Bonheur est dans le pré" est ici celle de deux "sœurs" dépassées par leur mensonge. On pouvait donc espérer un peu de cynisme et de mordant, on est - hélas ! - dans la comédie pataude. 

Rarement drôle, "L'oncle Charles" se contente d'aligner les séquences, au film d'un scénario plutôt idiot, où ne transparaît jamais la patte "Chatiliez". Après un démarrage laborieux qui peine à mettre en place l'intrigue et les personnages, sans qu'on s'attache à eux, la résolution est toute aussi poussive, voire téléphonée. L'acidité qu'on aurait pu espérer est vite délayée dans une histoire sans aucun intérêt. 
Et ce n'est pas du côté des interprètes que viendra le salut : qu'il s'agisse d'Eddy Mitchell, visiblement peu convaincu, d'Alexandra Lamy (dont on cherche désespérément pourquoi elle squatte le cinéma français) ou de Valérie Bonneton, absolument pas crédible dans son rôle, le casting fait le minimum syndical, jouant souvent faux une partition qui sonne creux. 

Si vous avez aimé le Chatiliez des premiers films (ceux cités plus haut, mais également "Tanguy" ou "Tatie Danielle"), vous risquez fort d'être déçu(e)s avec cet opus, ne nous leurrons pas. C'est à se demander où est passé le mordant de ce réalisateur.